Les jeunes de l’aumônerie de notre paroisse se sont jumelés avec nous ; dans le commentaire de l’article « Nos
compagnons » sur notre blog, ils nous posent toute une série de questions. Vous pouvez les consulter. Nous allons essayer de répondre à tout . Si vous avez des informations de votre côté,
vous pouvez aussi compléter nos réponses en déposant votre propre commentaire.
1- A qui appartiennent les autres tombes visibles sur les photos
?
Habituellement, les moines sont enterrés là où ils meurent. En principe, leurs corps ne sont pas mis
dans un cercueil. Ils sont enveloppés d’un linceul et mis en terre. Rien n’est mis sur leur tombe: ni dalle, ni plaque (sauf leur nom de religieux), ni fleurs.
Le monastère de Tibhirine a été fondé en 1938. Beaucoup de moines y on vécu. Quelques-uns sont décédés
sur place et y ont été enterrés. Ils ne sont pas très nombreux parce que les malades étaient généralement rapatriés dans leur pays d’origine avant de décéder. On ne trouve donc
les tombes que de ceux qui n’ont pas été rapatriés à temps. Ce sont donc leurs tombeaux qui sont visibles.
Parmi eux, il y a ceux qui sont décédés entre 1938 et 1996. Et puis, devant, avec des plaques plus
neuves, on trouve les tombes des sept moines qui ont été enlevés par des ravisseurs armés dans la nuit du 26 au 27 mars 1996 et retrouvés morts fin mai de la même année.
La ferveur populaire est à l’origine des fleurs qui ont été plantées au pied de leur tombes. Du coup,
les plus anciens ont bénéficié de la même attention. Toutes ces plantes devraient fleurir au printemps.
2- De quelles nationalités sont les principaux visiteurs?
Entre le 14 décembre 2011 et le 20 janvier 2012, nous avons reçu 269 visiteurs.
73% d’entre eux sont algériens. Certains parlent ou comprennent le français, surtout ceux qui vivent en
France et sont revenus au pays pour la fin d’année. D’autres se font traduire les commentaires. Les uns viennent en mémoire des moines dont ils se souviennent ou dont ils ont entendu parler par
un membre de leur famille. D’autres viennent en touristes.
Les autres visiteurs sont des français, des allemands, des anglais, des néerlandais, des autrichiens et
même une femme biélorusse. Sans doute verrons-nous encore d’autres nationalités…
3- Dans quel état était le monastère quand vous êtes arrivés ? et le jardin ?
4- A part Jean-Marie, d'autres personnes vous aident-elles pour l'entretien du
monastère?
Trois personnes travaillent en permanence à l’entretien du monastère et
des sept hectares cultivables qui l’entourent : Jean-Marie, un français, ingénieur agronome et prêtre ; Youssef et Samir, deux salariés qui habitent Tibhirine. Des hommes sont aussi
embauchés à la journée pour des travaux ponctuels où il y a besoin de plus de main d'oeuvre.
La priorité de Jean-Marie est l’entretien du verger qui compte 2 500 arbres, (85% de pommiers) et
qui est la ressource principale de l’exploitation.
Jean-Marie sur le tracteur.
Quand ils en ont le temps, tous les trois entretiennent le jardin autour des batiments du monastère qui
n'est donc pas « à l’abandon ». Mais dans un jardin, il faut toujours désherber, tailler, bêcher, planter, couper, etc. Ce n’est jamais fini.
Ils peuvent aussi consacrer une partie de leur activité à la conservation des bâtiments. Ceux-ci sont
dans un triste état car ils ne sont plus habités et il y a beaucoup à faire. Certains travaux de nettoyage, maçonnerie, électricité, peinture, etc. peuvent être réalisés. Il est aussi nécessaire
de recourir à des professionnels pour des tâches plus spécialisées.
Nous, nous pouvons participer activement aux travaux de jardinage et de
« conservation » des bâtiments. La semaine dernière par exemple, nous avons commencé à remplacer 20 vitres qui étaient cassées. Cela suppose d’enlever les carreaux cassés, de
gratter l’ancien mastic, de peindre les cadres, d’ajuster les vitres, de les placer et de mettre du mastic neuf. Ceci parfois dans des positions élevées ou acrobatiques !
La semaine précédente, nous étions dans la peinture de portes...
Yves prépare les surfaces à peindre
On parle plutôt de conservation que de restauration. Des amis du monastère viennent de l'étranger passer
quelques jours pour apporter une contribution. Ainsi Yves a participé aux travaux d'amélioration des toilettes. Odile est devenue cette semaine "grand chef vitrier".
Odile et Anne posent une vitre
4- Êtes-vous loin du plus proche village?
Oui et non. Le hameau de Tibhirine s’est développé quasiment aux portes du monastère. Il compte environ
70 familles. Nous ne les connaissons pas encore. Mais nous savons que toutes nous ont repérés et identifiés. Nous avons quelques contacts, notamment avec les salariés du monastère, les gardes qui
résident juste à côté (avec lesquels nous sommes montés à la vierge N.D. de l’Atlas) et l’épicier local qui tient le seul commerce dans ce coin de montagne.
Actuellement, trois bâtiments sont en cours de construction à Tibhirine : une grande mosquée, une salle
multisports et un centre culturel pour les jeunes.
Mais Tibhirine fait partie du village de DrassMar, autrefois appelé Lodi, qui est un peu plus
éloigné.
Nous sommes à 8 kilomètres de la ville de Médéa. C'est là que nous descendons en voiture avec Youssef
pour faire des courses.
5- La galette préparée pour vous par la famille algérienne était-elle bonne?
Oui. Mais n’imaginez pas une galette comme notre galette des rois !
Il ne s’agit pas d’un gâteau, mais d’un pain dont la mie a peu levé. Il a l’avantage de rester frais
plus longtemps que les habituelles baguettes de pain, très largement consommées ici comme en France. Des enfants en vendent sur le bord des autoroutes parce qu’elles sont très prisées des
algériens.
A côté de cette galette, nous avions eu aussi des petits gâteaux délicieux et vraiment sucrés.